Montessori, Steiner, ou Freinet, écoles démocratiques, écoles bilingues, internationales ou régionales, religieuses ou laïques, artistiques, écolos, autogérées… les écoles alternatives sont en plein boom ! Plus de 60 000 élèves Français seraient scolarisés dans ces écoles “ différentes “, environ 1000 réparties sur le territoire, et une centaine devraient ouvrir pour la rentrée 2017.
Alors, pourquoi ce besoin d’une “ nouvelle école “ est-il si fort ?
- Évolution sociétale
Bernard Delvaux, auteur du livre Une toute autre école, relie cette évolution qui date d’une dizaine d’années au changement profond de la société. Dans son ouvrage, il développe la thèse selon laquelle les profondes transformations sociétales dont la révolution numérique ont remis en cause l’école comme lieu de transmission de savoir, tout comme la légitimité des enseignants.
Selon lui, chaque fois qu’il y a eu une profonde révolution au niveau des techniques de communications, comme avec l’apparition du langage, puis de l’écrit, de l’imprimerie, et à présent de la révolution numérique, on assiste à de tels changements, qui ne touchent pas que les enseignants, mais remettent aussi en question la légitimité des journalistes, celle des juges et des politiques car les connaissances circulent différemment aujourd’hui.
- Le rejet du système classique
Le constat se fait de plus en plus clair : les parents, enfants et enseignants, ne se retrouvent plus dans le système scolaire traditionnel. Manque de moyens, profs absents, élèves démotivés, programmes obsolètes… On ne peut le nier, notre système qui n’a pas évolué depuis des années n’est plus adapté aux enjeux de demain.
Quelques chiffres :
– Nos petits élèves Français occupent le 2ème rang après les élèves Japonais au niveau du stress ressenti.
– La France est classée 23ème sur 30 pays au niveau du bien-être éducationnel, et 22 ème pour la qualité de la vie scolaire.
– 40 % des enseignants français s’estiment « très peu préparés » au volet pédagogique de leur métier, soit la proportion la plus élevée parmi 34 pays dans le monde.
Sources : Printemps de l’éducation, OCDE
Ainsi, les projets sont souvent initiés par des enseignants et des parents qui ne s’y retrouvent plus dans le système scolaire classique. Par rapport à l’école de masse et ses faibles performances, ils affichent une volonté de se retrouver ‘entre eux’, soit sur base sociologique, soit idéologique, soit pédagogique.
Ils ne veulent plus subir un système qui ne leur convient pas, et ainsi, être pleinement acteurs de l’éducation de leur enfants. Et beaucoup trouvent des réponses dans ces écoles “ différentes “.
- Désir de replacer l’enfant au cœur du système
L’attrait pour ces nouvelles écoles réside également dans la manière dont elles respectent le rythme de l’enfant. Nées au début du XXe siècle, ces méthodes de pédagogie active se basent sur plusieurs postulats généraux, qui mettent l’enfant au cœur du système éducatif. Contrairement à ce que beaucoup pensent, la pédagogie dite ‘active’ ne signifie pas qu’il faut faire ‘bouger l’enfant’. Actif signifie que l’enfant est l’acteur de son apprentissage, il est ‘actif’ dans sa tête.La pédagogie active met les élèves en questionnement, en recherche, travaille par projets collectifs, sur la base de la co-construction des apprentissages plutôt que d’une transmission des savoirs. Le rythme et l’organisation des apprentissages ne se feront pas en fonction du programme défini par le système enseignant, mais des besoins et des attentes, des désirs même de l’enfant. Ici, l’enfant est placé au cœur des préoccupations, il est l’essence même de ce système qui s’adapte à ses besoins. Et pas l’inverse !
Attirés par ces techniques d’apprentissages plus respectueuses du rythme de l’enfant, de plus en plus de parents se mettent donc en quête d’autres alternatives.
- Accessibles à tous ?
Mais l’on peut néanmoins se demander si toutes les écoles ne devraient-elles pas être à pédagogie active ? Idéalement, si. En attendant, l’idée est présente par petites touches dans l’enseignement classique. Avec en parallèle des écoles « labellisées » par les différents courants, ou s’en inspirant en partie. » Beaucoup des idées véhiculées dans ces pédagogies sont d’ailleurs passées dans l’enseignement traditionnel. Mais… la mise en pratique n’est pas là. » observe Claire Desmarets, conseillère pédagogique. La méthode a tendance à se diluer dans les méthodes classiques, souvent sous la pression des enseignants plus conservateurs, et du manque de moyens mis en œuvre dans les écoles pour l’appliquer.
En effet, l’accès à cette éducation innovante reste limité. En effet, les moyens d’action de ces écoles dites “hors contrat” ne sont pas les mêmes que dans l’éducation nationale. Dans la plupart des cas, ces écoles ne bénéficient pas de subventions de la part de l’État, et en résulte des frais de scolarité élevés, qui reviennent intégralement à la charge des parents. La conséquence directe est un accès limité et élitiste à ces écoles qui ont fait le choix de sortir des sentiers battus pour proposer un enseignement plus adapté à nos enfants. Nous ne pouvons qu’espérer qu’avec la demande grandissante, ces techniques d’éducation positive et bienveillante finissent par se démocratiser, comme cela s’est produit en Finlande, un pays qui a réformé son système scolaire en profondeur en 2007, créant ainsi aujourd’hui une école publique innovante, alternative, gratuite…et parmi les plus performantes au monde !
Source : http://www.lecho.be
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