C’est déjà un fait assez rare que des éditeurs reconnus créent une école alternative, mais qu’en plus l’un d’entre eux devienne ministre de la Culture, c’est carrément exceptionnel !
En effet, Françoise Nyssen, créatrice de la célèbre maison d’édition Actes Sud, mais également notre nouvelle ministre de la culture, a créé une école privée hors contrat dans le Sud de la France. C’est à côté d’Arles, en pleine Camargue, que les enfants apprennent à être heureux en pleine nature.
Les fondations
L’école Domaine du Possible , qui accueille une centaine d’élèves, de la maternelle au lycée, a été fondée à la rentrée 2015 par Françoise Nyssen et son mari Jean-Paul Capitani. Ce projet a été inspiré par leur fils, Antoine, surdoué, dyslexique et trop sensible, qui ne rentrait pas dans les cases de l’éducation nationale, ce qui a été la cause de très, trop grandes souffrances… Il ne restait donc qu’à créer l’école idéale, celle où il aurait été heureux, même si c’était déjà trop tard pour lui…
En quelques mots, voici leur message, et la genèse de leur projet :
« En tant que responsables et fondateurs d’une maison d’édition indépendante, nous avons nourri, depuis plusieurs années, le désir de créer une école qui transmettrait les valeurs et savoirs que nous nous efforçons de porter depuis plus de trente ans.
Nous avons eu un enfant différent. Nous avons avec lui beaucoup souffert du système et de l’idéologie de l’école en France. Précédemment, nous avons eu six autres enfants qui étaient passés par là sans que nous réalisions comme une évidence le sacrifice des enfants différents. Quand nous l’avons compris, c’était déjà trop tard. L’école n’a pas pu résoudre les problèmes d’apprentissage d’Antoine.
Nous avons parlé avec les maîtres, les directeurs, les autres parents, et nous sommes retombés sur cet incroyable gâchis et ce déni d’égalité sous prétexte d’égalitarisme. Les maîtres de l’école d’aujourd’hui sont là pour évaluer au plus près les apprentissages, les “manquements” et pour sélectionner “le meilleur” selon la méthode et le programme : nous ne formons pas des citoyens mais nous tendons vers la formation d’une élite, tout en sacrifiant les autres.
C’est pour tout cela que nous pensons devoir agir. Nos enfants ont droit à plus d’égards. Ils doivent, à l’issu de leurs apprentissages, avoir confiance en eux et être heureux. Faisons que leur regard sur le monde soit généreux. Ce sont ces enfants là que nous devons laisser à la terre.
Il faut des écoles pilotes, innovantes. Notre projet en est une. »
Françoise Nyssen et Jean-Paul Capitani, mars 2013
Pédagogie
Françoise et Jean-Paul, qui vont être bien occupés pour les années qui arrivent, ont confié la direction de leur école à Henri Dahan, rencontré alors qu’il dirigeait une école Steiner, qui utilise une méthode pédagogique basée sur le développement personnel de l’enfant. L’homme a importé son expérience, tout en n’en faisant pas une école Steiner à proprement parler, en évitant notamment les références spirituelles de la méthode, parfois controversées et jugées sectaires par certains.
En effet, l’école Domaine du Possible se laisse la liberté de puiser dans toutes les méthodes, qu’il s’agisse de Freinet, Montessori, Piaget, Steiner ou d’autres. Selon les situations et les enfants, chacune apporte des outils adaptés. Le but est simplement que chaque enfant apprenne à apprendre, s’approprie ce qu’il découvre par l’expérience qui stimule le désir et la curiosité, prenne confiance en lui et en sa valeur, sa singularité.
Les fondateurs insistent sur le fait que « ce n’est pas une école qui a été créée contre l’éducation nationale, mais une école ancrée dans le territoire, bienveillante, connectée à la nature. »
Rythme & école
Les locaux qui accueillent actuellement une centaine d’élèves, sont situés en pleine nature, sur un domaine agricole de 120 hectares, une terre de moutons, de chevaux, d’oliviers, de rizières ou encore de pins d’Alep. Un cadre qui favorise “une école à la ferme”, dans laquelle tous les élèves ont une pratique régulière de l’agriculture, orientée vers la permaculture, l’agroforesterie ou encore la culture des plantes aromatiques.
Les journées des enfants sont organisées de manière à respecter leurs rythmes biologiques naturels. Les emplois du temps réservent les apprentissages académiques aux premières heures de la matinée, puis sont consacrés aux ateliers l’après-midi (bois, couture, équitation, flore, faune, jardinage…). Chaque discipline est associée à divers savoirs, par exemple à cheval les adolescents apprennent à se tenir droit quand ils ont tendance à se voûter, mais aussi le respect et la sécurité. Ils apprennent même la géométrie avec les dimensions de la carrière !
L’école se veut un lieu culturel de rencontres et de partage, des élèves avec des artistes, des paysans, des artisans, des chercheurs, d’autres élèves d’autres écoles… Elle met en place une pédagogie importante de projet individuel et collectif : projets d’écriture, de théâtre, d’eurythmie, d’orchestre, d’arts plastiques ou encore de design des jardins… De plus, un apprentissage renforcé des langues étrangères y est appliqué dès le primaire.
Enfin, comme dans de nombreuses écoles privées, les frais de scolarité peuvent en refroidir certains : ils sont fixés à un maximum de 4200 euros par an. Par contre, ils sont modulés en fonction des revenus des familles, et peuvent même être pris en charge jusqu’à 90 % par un fond de dotations !
Pour en savoir plus : http://www.ecole-domaine-du-possible.fr
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